Face au terrorisme, ni démagogie ni instrumentalisation !

Edito de Rose-Marie Blasco paru dans Contrepoint, le journal du CréSEP réservé aux adhérents

samedi 1er mai 2021


Vendredi 23 avril dernier, un islamiste radicalisé d’origine tunisienne assassinait une fonctionnaire de police dans un commissariat de Rambouillet (Yvelines). Avec cette victime supplémentaire, le nombre de personnes tuées, au cours de ces quatre dernières années, sur le territoire français , au nom de l’islamisme radical, s’élève (selon le décompte du gouvernement),à 25 personnes.

Afin de lutter contre cette montée du terrorisme, les gouvernements de François Hollande puis d’Emmanuel Macron se sont efforcés d’adapter la législation en vigueur. Ainsi, mercredi 28 avril, en Conseil des ministres, un projet de loi visant à pérenniser les mesures contenues dans la loi « antiterroriste » de 2017 et la loi « renseignement » de 2015, a été examiné. Le dispositif proposé devrait également renforcer la surveillance des détenus radicalisés lors de leur sortie de prison.

Jusqu’à présent, face à la barbarie terroriste, les partis politiques, de gauche comme de droite, se montraient, du moins dans leur discours, « unis ». Mais les réactions médiatiques de certains responsables politiques, ayant fait suite au dernier attentat de Rambouillet, indiquent clairement que les choses ont changé, y compris pour des partis plus respectables que le Rassemblement National. Les déclarations des uns et des autres en témoignent. Celles de Marine Le Pen, tout d’abord (bien que sans surprise), soulignent le « laxisme du gouvernement » et préconisent, pour combattre l’islamisme, une « législation de guerre » et « l’arrêt de la régularisation des clandestins ». Arguant que le meurtrier était entré clandestinement sur le territoire français et régularisé quelques années plus tard, elle établit un lien étroit entre cet acte terroriste et la politique migratoire française. Mais, plus grave : d’autres responsables de la droite, comme Eric Ciotti, Guillaume Peltier, Rachida Dati, ou encore Valérie Pécresse, emboîtant le pas à Marine Le Pen, ont, eux aussi, créé l’amalgame entre la question terroriste et la question migratoire. Cette dernière étant celle qui permet sans doute le mieux de faire la jonction entre l’électorat de droite et celui de l’extrême droite.

Les échéances électorales à venir et la démagogie politicienne qui, bien souvent, les accompagnent, tout comme l’instrumentalisation de l’opinion publique, expliquent sans doute cela mais ne l’ excusent pas malgré tout. Il est vrai que la sécurité est au centre des préoccupations des Français, et il est fort probable que ce thème sera également au centre de nombreux débats électoraux à venir.

Pour autant, ce ne sont ni des clivages ni de la haine de l’immigré qu’on attise que les solutions aux problèmes sécuritaires émergeront. D’autant plus, et on ne le dira jamais assez, qu’ instrumentaliser ce thème à des fins électorales pourrait s’avérer fort dangereux…