Rentrée 2020 : le protocole sanitaire

Un protocole, vraiment ?

samedi 29 août 2020


Il était attendu par tous - chefs d’établissement, enseignants, parents - et il ne satisfait personne. Le "protocole sanitaire des écoles et établissements scolaires" pour "l’année scolaire 2020-2021", attaché en pièce jointe, brille par sa vacuité, à la manière des copies d’élèves pleines de mots mais vides de sens, où l’on peut lire tout et son contraire, et que l’on referme en se demandant ce que l’élève a compris, au juste, et s’il ne se moque pas un peu de nous !

Le document de six pages ne pose qu’une seule règle : le port du masque est obligatoire pour tous les adultes et pour les élèves des collèges et lycées.
Pour le reste, c’est le flou total, l’absence de règles claires, d’interdictions précises, ce qui nous laisse dans un désarroi total.

Dès le préambule, nous sommes rassurés : si un élève présente un symptôme de la Covid-19, ses parents "s’engagent" à ne pas le mettre à l’école. Et nous savons bien que nous pouvons compter sur l’engagement des parents, eux qui n’hésitent pas d’ordinaire, lors des épidémies de gastro, à amener leur enfant à l’école après qu’il a déjà vomi deux fois le matin même...

Quant à nous, agents de l’Etat, une seule phrase nous indique la marche à suivre en cas d’apparition des symptômes ou de constitution de cas contact : "Les personnels doivent s’appliquer les mêmes règles", à savoir : ne pas venir à l’école et prévenir le chef d’établissement. Mais quid de notre situation aux yeux de l’administration à partir de là ? Nulle réponse ! Se verra-t-on contraint de travailler à distance si notre santé nous le permet ? Doit-on se placer en congé maladie ordinaire, et subir la perte d’une journée de carence, et ce à chaque fois qu’un léger rhume nous traverse cet hiver ? Le "protocole" ne le dit pas. Le CréSEP Sundep Solidaires a interrogé le rectorat de Créteil à ce sujet, ainsi que sur celui des personnes fragiles que le "protocole" passe sous silence. Nous transmettrons les réponses de l’administration dès que nous les aurons obtenues.

Les "règles de distanciation physique" sont illustrées page 3 à l’aide d’un petit schéma semblant indiquer que la distance d’un mètre est nécessaire entre les personnes. Que nenni ! Le dessin est trompeur, erroné, mensonger : la distanciation physique "n’est pas obligatoire lorsqu’elle n’est pas matériellement possible ou qu’elle ne permet pas d’accueillir la totalité des élèves". C’est dit, ou plutôt écrit : il FAUT A TOUT PRIX faire rentrer, coûte que coûte, tous les élèves ! Et le prix, n’en doutez pas, c’est notre santé, à tous : enfants et adultes.

Même chose pour la « limitation du brassage des élèves », non obligatoire mais à laquelle il faut veiller « dans la mesure du possible ».

Si l’on s’en tient à la définition de protocole, à savoir "recueil de règles à observer", ce document n’en est donc clairement pas un. Au contraire, il semble bien plutôt constituer un anti-protocole, évoquant tout ce qui devrait être fait en théorie, "dans le meilleur des mondes", mais qui ne pourra pas être fait en réalité, donc qui, pour finir, ne doit pas forcément être fait !

On pourrait s’amuser d’un tel texte s’il était signé Ionesco ou Beckett. Hélas, nous allons jouer le rôle d’anti-héros malgré nous, dans une comédie de masques dont on peut tout juste espérer qu’elle ne se termine pas de façon tragique.