A l’approche de la campagne présidentielle, le gouvernement se précipite et s’acharne à imposer par la force la réforme du calcul de l’assurance-chômage, une réforme pourtant largement rejetée par les syndicats qui ont d’ailleurs demandé au Conseil d’état de suspendre le décret actant son entrée en vigueur le 1er octobre dernier.
Comme l’indique Antoine Lyon-Caen, conseiller de Solidaires, de la CGT et de la FSU, ce décret étant identique à celui déjà suspendu en juin constitue “un détournement de procédure, voire de pouvoir”.
Le gouvernement, s’appuyant sur l’INSEE, se défend. Selon lui, la reprise économique est là, le nombre de demandeurs d’emploi baisse et les perspectives de créations d’emplois augmentent.
Les syndicats, constatant que les améliorations sont loin de bénéficier à tout le monde, rappellent que le nombre de demandeurs d’emploi alternant des périodes travaillées en contrats courts et des périodes chômées ne baisse toujours pas. On estime actuellement que 87 % des embauches se font en CDD. Or ce sont justement ces catégories-là qui pâtiront le plus des nouvelles règles de calcul des indemnisations du chômage.
D’après l’UNEDIC, plus d’un million de demandeurs d’emploi, parmi lesquels les plus précaires sont aussi les plus nombreux, verront le montant de leur allocation diminuer.
Par ailleurs, dans la mesure où le nouveau mode de calcul prendra en compte l’activité passée des demandeurs d’emploi et non celle à compter d’octobre 2021, et si l’on considère que les plus nombreux à avoir perdu leur emploi pendant la crise étaient en CDD, il s’avère, comme toujours, que les plus en difficulté seront aussi les plus pénalisés puisque tous ceux-là ont dû utiliser leurs droits à l’indemnisation du chômage avant le premier octobre 2021.
Avec cette réforme, le gouvernement fragilise voire détruit notre système social encore un peu plus. Il transforme le service public d’aide au retour à l’emploi en structure de coercition en obligeant les salariés privés d’emploi à accepter n’importe quel travail à n’importe quel prix. Enfin, il ancre dans la précarité les plus démunis qui verront le montant et la durée de leur indemnisation réduits.
C’est pourquoi, non seulement le décret doit être abrogé, mais les allocations des chômeurs doivent être immédiatement revalorisées et les structures d’aide au retour à l’emploi améliorées afin que ces services aident véritablement les demandeurs (surtout les plus démunis) à trouver un emploi. Rayer les demandeurs d’emploi des listes officielles plus tôt n’en diminuera pas le nombre réel. Cela ne fera qu’accroître le monde de la pauvreté.